Graine de Folie #3

Vous voici devant la partition du parcours.

Fernande voulait faire croire qu’elle cachait des choses dans la terre. Alors elle creusait. Telle une poule. Peut être, ne savons-nous pas tout de cet héritage : il y a des secrets cachés, souterrains, enfouis...

Paroles des anciens, paroles paysannes. Que transmet le travail de la terre ? Au creux des bidons résonnent les témoignages. En souvenir, la rudesse d’un autre temps où le sol était au centre des attentions. La terre pour survivre, celle que l’on fuit parfois au gré des vents, mais où l’on revient toujours. Et passe le temps, le chemin s’effrite et laisse la place à d’autres. L’agriculteur est né. Les pratiques ont changé, mais reste la volonté de faire perdurer. Les savoirs ont fluctué, mais les valeurs subsistent. Au plus proche du terroir, restent les attaches.

Vaches bondissantes, rebondissantes, voyageuses. Vaches absentes le temps de l’estive. D’une échappée en plein air, nous sommes allés à leur rencontre à 2200 mètres d’altitude pour «tirer leur portrait». Parfois surprises, interloquées, fières, méfiantes, défiantes...

Penser à ce qu’on laisse derrière nous, se décentrer. Devenir un autre que soi. Passer de la réalité à la fiction. Entre héritage et transmission, changer d’âge. Écrire sur ce temps qui passe : «l’âme des années», avoir envie de «gronder les anciens», refuser ou accepter un héritage au 17 rue de la Maréchale, hériter d’un physique ingrat, faire de sa voix un cri ou raconter ce jour où l’on a eu 2 papas... autant d’histoires que les raconteuses vont porter à vos oreilles à 2, 3 ou 4 voix. Laissez-vous conter...

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J’aime les animaux. Depuis l’âge où je me souviens j’ai toujours voulu tous les embrasser. Je les ai peints, bien sûr, mais ce que je préfère c’est de les mettre en scène dans mon petit bois. Mon âme d’enfant ne m’a jamais quittée et j’ai continué tout au long de ma vie : 2 pieuvres, 100 nounours, 1 poussin, 200 escargots, 1 loup, 20 libellules, 1 cerf-volant, 30 papillons et 5 hérissons.

L’héritage est une histoire de rencontres des générations. On s’observe, on s’épie, on s’aime, on s’éloigne. Au rythme de la vie. Plusieurs époques se côtoient. L’enfance des uns, la vieillesse des autres. On ne se comprend pas tou- jours : on se gronde, on se mélange, on s’étonne. Qu’est ce qu’on se laisse ?

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Création de personnages imaginaires par les enfants de Maurienne qui leur ont inventé une histoire avant-hier, des formes et «visages» hier, et une culture aujourd’hui, avec la création de la langue Graouuu et de leurs chants.

Ascendance, descendance... Qu’est-ce qu’on rêve de recevoir en héritage ? Qu’est-ce qu’on aimerait transmettre ? Matériel, immatériel... Objet ou passion ? Immobilier ou trait de personnalité ? Dans un sens ou dans un autre, qu’est-ce qu’on désire échanger, et avec qui ?

On vous a laissé ce que nous avons de plus précieux depuis le haut de notre enfance. Nous, nos bouilles, nos sourires, nos jeux d’apparition et disparition, nos autoportraits. Nous souhaitons qu’ils soient découverts par d’autres enfants dans 100 ans. Ils sont prêts à être emballés, pour être postés. Direction le futur. [On voulait vous les envoyer par mail, mais on ne sait pas si ça existera encore.]

Hein... String-art kézako ? Mais non..., il n’est pas question de défiler les fesses à l’art ! Les planches à clous de nos enfances et l’art de manier la ficelle. Vous y êtes... ! La SPPM sort de l’ombre. Son slogan est déjà bien connu : Roule ma poule ! À vous de créer le logo avicole de la Société des Poules et Poussins de Maurienne.

Traces collectives éphémères, un grain de fantaisie dans les champs d’herbe ou de neige. Une grande liberté de création pour s’affranchir des réalités, recomposer les lignes de notre paysage... Et avec la vidéo et le drone, on devient oiseau, on contemple l’ouvrage comme les agriculteurs à la fin des moissons, fiers et solidaires !

Les bénévoles du Musée du Félicien ont trouvé un fond photographique du début du XXème siècle. Un curé photographe. Des planches – les habitants d’Argentine, posant dans leurs plus beaux habits. Nous en sommes les héritiers. Les habits du dimanche pour se faire photographier. Des habits faits pour durer. Nous les avons enfilés. Puis ôtés. Des poses figées, pour que la photo puisse exister. Nous les avons adoptées. Ils sont nos légateurs, nous sommes leurs héritiers. Nous ne sommes plus paysans. Nous ne sommes pas des familles. Mais le temps de quelques séances nous incarnons notre héritage photo commun.